10.1.16

Pleurer de rire.

Dans tout couple, il s'instaure une certaine division des tâches. Outre la fabrication des crêpes, l'Homme à 99 défauts a une autre attribution, qu'il ne me viendrait pas à l'idée de lui disputer. Je ne ferais tout simplement pas le poids. C'est, chez lui, plus qu'un talent : un instinct. Quelque chose d'aussi imparable que le coup d'éclat du joueur d'échec, tout à la fois spontané et venant de très loin.

Je veux parler de la détection du nanard galactique, du choix  du navet approximatif, du résidu de festival qui vous laissera sulcul, de la bouse sidérale, du truc qui vous partage entre le bâillement nerveux et le fou-rire d'occasion ( tant qu'à avoir ouvert la bouche, hein...)

Je ne pourrais donc pas vous raconter le début de "Baahubali, the beginning", parce que j'ai passé les 10 premières minutes à essuyer mes larmes et à glousser comme une hyène chatouillée devant ce joyau de l'art Tollywoodien. Un blockbuster en Inde, apparemment, mais il a fallu tout le génie de l'Homme pour débusquer ce film et me le proposer.
 J'espère que l'on ne m'accusera de spoiler si je vous dis qu'on y trouve deux frères ennemis, un enfant sauvé des eaux, une héroïne badass qui finit en bêlante brebis dès que le Héros lui roule un œil langoureux en tortillant sa moustache, une avalanche, un déluge de feu, une cascade mystérieuse, des papillons bleus, une princesse enchaînée et un esclave fidèle jusqu'à la mort, une scène piquée à Moise, une à Mulan, au moins une à Autant en emporte le vent, trois ou quatre au "Seigneur des Anneaux", un Milon de Crotone, un Roi Arthur Tamoul. Et pas mal de gore sous les voiles vaporeux.

Moi, j'en ai oublié, mais je ne suis pas sûre que le réalisateur ait omis un seul ingrédient dans cette épique ratatouille.

Et vous savez le pire : c'est tellement trop que ça finit par marcher. Comme les taxis africains qui s'appellent eux-même les s'en-fout-la-mort, ce film pourrait s'appeler s'en-fout-le-réel. Mais alors, vertigineusement. Certaines scènes sont très belles, d'autres effets spéciaux sont aussi toc que des bijoux d'offrandes, mais tout ça est noyé dans une belle certitude : le cinéma, c'est fait pour être vu à plusieurs, avec les amis et la famille, en commentant à voix haute toutes les scènes, en sifflant les méchants, en avertissant les bons du danger qui les menace et en entonnant les chansons poignantes en même temps que les acteurs.

Et pour pleurer de rire. 










2 commentaires:

Otir a dit…

Loved it! (le billet, pas le film, que je ne risque guère de voir):

Sacrip'Anne a dit…

Je ris à t'imaginer rire, merci !