30.11.06

chanson on








Pour continuer dans les jeux bloguesques, je poursuis celui proposé par Mr KA-celui de la merveilleuse Boite à Images -à la non moins merveilleuse Samantdi : trouver la chanson qui se cache derrière les images. On a le droit de proposer des indices, pas les solutions avant samedi.

27.11.06

dyptique deuxième partie


Il s'agit d'un extrait de texte du Chieur, tiré de son blog, Vous êtes chez M. Le Chieur, qu'il fallait illustrer.
Donc, 300 bornes en voiture pour M. LeChieur, qui préfère mariner six heures sur les nationales plutôt que rouler comme un dingue derrière les sportifs autoroutiers. C'est long.

Et, sur le trajet, ma ville d'enfance.

Que croyez-vous qu'il arriva ? Évidemment, je m'inventai un prétexte (vessie pleine, envie de café, pénurie de cigarettes) pour y faire une halte. Et, comme je suis un indécrottable nostalgique crétin, j'eus l'idée géniale pathétique de faire un petit tour du côté de chez Maricot.

Chez Maricot, on vendait du café, des cigarettes et des journaux. Soit à peu près 70% de mes besoins quotidiens (s'il avait fait café-librairie, j'y installais mon duvet). Il y avait des flippers, un baby-foot et un jukebox sur lequel des filles avec des foulards mauves faisaient tourner Johnny Clegg en boucle. Pendant les heures de perm', on s'installait sur les tables du fond. On s'affalait, on discutait, on s'engueulait, on se marrait, on refaisait le monde. Ces tables-là ont vu des idylles se nouer, des grèves se faire et se défaire, des rêves s'envoler. Je me souviens notamment de toutes ces fois où on a évoqué nos avenirs respectifs, avec ce mélange excitant de trouille et d'envie d'en découdre.

dyptique première partie





sur une photo Rph A CET ENDROIT et sur une idee d'Akynou ICI MEME

Je me souviens de la barre du milieu. Parce que nous étions trois, à l'arrière, comme des pois dans une cosse. Trois en trois ans. Elle avait pas rigolé, mais nous si, pas mal. On avait beaucoup ri, on s'était battus comme des chiftirs, on avait inventé d'interminables et délirantes histoires à trois, qu'ils écoutaient d'une oreille traînante et ravie. On a beaucoup ri, on les a beaucoup fatigués. Ils étaient fiers de nous. Ils nous ont trimballé dans la moitié de l'Europe. La vie leur devait une revanche, elle dont l'enfance ne devait pas être vue sous peine de mort, lui dont l'enfance n'a jamais été vue par les yeux morts de ses parents.
Nous avons fait des milliers de kilometres et, oui, je sais qu'il faut diviser par trois le temps d'occupation de cette foutue barre du milieu, parce qu'ils tâchaient d'être équitables dans le talage et d'organiser la rotation par paire de fesses.

Il aimait rouler de nuit, franchir des frontières, nous ramener tout d'une traite; on s'endormait en tas, il fallait caler les coudes avec ce qu'on trouvait de menton, et pas de trop de pieds dans l'estomac. On fouissait comme de jeunes chiots, on s'accusait de débordements déloyaux, on chantait des chansons ineptes et d'autres graves à pleurer. Moi j'étais la fille, alors je pouvais renifler. Les garçons étaient toujours un peu condescendants. C'est comme ça les familles, parfois on se partage le gâteau, on peut pas prendre tous la même part.

Mais c'est comme la barre, y a des bouts qu'il faut prendre quand même un jour. J'espère qu'ils ont appris à pleurer, parce que moi, j'ai quand même fini par apprendre à lire les cartes routières.

A l'arrivée, ils nous portaient dans nos lits, il en prenait deux, elle prenait le troisième, au hasard du premier talon qu'ils pouvaient défaire de cette pelote. Ces très jeunes parents avaient compris qu'on pouvaient emmener de très jeunes enfants au bout du monde, parce que leur maison inaliénable, c'étaient ces bras qui tenaient ferme et ce souffle qui scandait la montée de l'escalier.

Bien sûr, quand la revanche à prendre est si grande, on ne reste pas au volant d'une guimbarde.
On ne s'est pas méfiés, elle avait tellement envie d'une résidence secondaire.

25.11.06

Le clou de cercueil d'honneur à...

Selon une dépêche AFP, Paul-Henri Cugnenc, député, médecin déclaré d'Utilité Médicale Pitoyable déclarait, à propos de la manifestation des buralistes que les effets de l'interdiction du tabac (dans les lieux public ndlr) ne se feraient sentir que "dans 20 ans" alors que les élections étaient dans six mois et qu'il n'y avait donc "pas urgence".

Selon la Revue Médicale Suisse, depuis l'application de l'interdiction de fumer dans les lieux public en Italie, soit depuis 5 mois, les urgentistes ont eu la surprise de découvrir une diminution de 11% des admissions pour infarctus du myocarde.

La quasi totalité de cette diminution (soit 10,3%) se fait au profit des non fumeurs.


Non, rien, c'était juste pour dire que la connerie, c'est comme l'alcool au volant, le tabac dans les bars : on a droit à ses vices privés-et je fus longtemps du côté des fumeurs- mais on n'est pas obligé d'en faire crever les autres.

24.11.06

hasard

Comme le conseillait Martin Lothar ICI, je me suis amusée entrer la date du jour sur le site WIKIPEDIA.
D'une part,c'est toujours ça de pris plutôt que de travailler, et d'autre part, ces contributions du hasard font toujours une excellent jeu de contraintes littéraires.

"Imaginez un texte à partir des évènements qui se sont produit le 24 novembre."

-1798 Création de l'impôt sur les portes et fenêtres en France. :
hum, oui, on devrait pouvoir tirer quelque chose de cela.
-1803 Inauguration du pont des Arts à Paris.
Bof -
-1859 Le savant britannique Charles Darwin publie "De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle" : .
Ah, ça aussi, c'est porteur.
-1874 : L'Américain Joseph Farwell Glidden dépose le brevet du fil de fer barbelé.
Plus dur.
-1960 : Création de l'Oulipo.

Je suis bluffée.

22.11.06

On a les Pablo Pineda qu'on mérite.




Les démêlés des parents d'un enfant pas dans les normes avec les diverses administrations ressemblent souvent à une litanie, de celles qu'on entend dans les cours de récrés:
"alors y m'dit..
-alors j'lui dit...

-alors y m'ont répondu...
- mais moi j'ai dit..."

Il importe alors de laisser flotter l'attention, non pas pour refuser d'entendre, mais pour qu'une image puisse se former, au travers des méandres, quelqu'un qui ne saurait être l'enfant lui-même, mais juste un croquis, de préférence avec paysage autour. Des fois cela prend beaucoup de temps, le croquis est pâteux, ou bien de grosses taches d'émotions brouillent la vue.

Quand j'ai reçu Mr et Mme L., il ne m'a fallu que trois phrases pour que l'image de R., leur fils, soit parfaitement nette dans mon crâne. Et parfaitement insupportable.

R est au CP.
Il y est seul, sans l'aide d'une auxiliaire de vie scolaire.
Celle-ci lui a été refusée.


Il faut savoir que R. a eu une naissance pas facile, ce qui entraîne des troubles non vitaux, mais très gênant dans une société qui ne saurait s'envisager sans école. Il a des troubles attentionnels important, et pendant longtemps n'a pas eu accès au langage. Mais il est capable de raisonner, d'apprendre, de progresser. Si l'on veut mesurer cela avec une echelle de QI, il est sur beaucoup de points, dans la normale, pénalisé juste par ce qui a trait à la langue, et ce qui demande une attention et une mémoire soutenue.

Le choix des parents de le scolariser en milieu ordinaire avec une tierce personne, susceptible de l'aider à se concentrer, de suppléer un tant soit peu aux difficultés de langage était peut-être un peu héroïque, mais pas blâmable.

Et bien dans l'esprit de la toute nouvelle loi. De plus, l'école, prévenue à l'avance acceptait de tenter ce beau pari sur l'intelligence.

Nous fîmes donc un sémillant dossier, truffé de courriers émanant des médecins spécialistes, des divers rééducateurs et de votre ci-devant servante.

Quel(le) sous-fifre a pu ainsi passer outre l'avis d'une demi-douzaine de personnes?
Et sur quels éléments?

Dans quoi avait-il trempé son pinceau? dans le fiel?

R. va mal. Je vois gros comme une promesse non tenue au front d'un candidat, qu'un autre sous-fifre va parler de troubles du comportement.

Je sais bien, j'ai déjà dit que la colère était un mauvais outil de travail. Mais comme carburant pour donner envie d'affûter ceux qui restent à notre disposition, c'est pas mal.

Mes amis, je pars à la chasse à l'auxiliaire!


Ah au fait, c'est qui Pablo Pineda? C'est le premier européen à avoir zeugmatiquement une trisomie 21 et un diplôme de troisième cycle.

En sciences de l' éducation.

19.11.06

Invitée



Est-ce parce que je ne l'avais pas vue qu'elle n'a pas eu peur?

17.11.06

Lierre. Et demain?




Un jour, à cet endroit, nous n'aurons plus du lierre sur une porte, mais des débris de bois au milieu du lierre.

Mais quand? A quel exact moment se produira ce glissement de la négligence à la ruine?

Sans doute faudrait-il que j'adopte la vie méditative. Peut-être que si, moi aussi, je me plantais là, les yeux fixés sur la poignée, j'aurai la réponse à cette taraudante question?

Et encore, rien n'est moins sûr. Je la connais, cette foutue réalité progressive. Elle profitera du moment où je clignerai de l'oeil pour destabiliser la porte.

Heureusement, il arrive aussi que ce soit la peine qui s'allège ainsi.

Tiens, où est passé mon souci?



NB : Samantdi et kozlika se posent chacune une question du même ordre. La première se demande à quel moment une apréhension légitime devient une lâcheté. La seconde s'interroge sur le point à partir duquel les projections maternelles emprisonnent l'enfance. J'aime bien ces deux textes.

15.11.06

d'un défi.

On croit toujours faire des choses par hasard. Ainsi, quand M'zelle Zuzu, amusée par mes premiers essais sur photoshop, m'enjoignis, en guise de défi, de rendre acceptable l'horreur architecturale ci-dessous, je ne crus que m'amuser.





Mais à revoir cette image le lendemain, je me demande si, en calque supplémentaire, au fond de moi, il n'y avait pas la conférence de Nairobi...

13.11.06

oui je sais

C'est un peu triste. Mais dès que j'aurais compris quelquechose à quoi que ce soit, je remet de la couleur.

Moi qui était si fière d'avoir réussi à le faire pour la première version.

Ici, un soupir discret, qui pourrait bien être un appel à l'aide.

11.11.06

l'âme des jardiniers


Mon amie Still a ouvert a cette adresse un nouveau blog consacré à son jardin. Comme Dame Still est une de ces enchanteresses avisées qui savent offrir aux miracles une attention patiente et tenace, je n'ai aucun doute sur la reconquête de son jardin.

Mais la lecture de son blog m'amène à deux observations:

La première, c'est que tout jardin a son, voire ses objets persécuteurs. Chez Still, lierre et clématite.
Chez moi, ce sont les bambous, qu'une main criminelle planta en liberté non surveillée, et d'immondes petites fleurs blanches à parfum d'ail.

La deuxième reflexion découle sans doute de la première: seuls les citadins sans verdure croient l'âme jardinière bénigne, paisible et dénuée de rancoeur. Ceux-là sont bons pour s' aller voter, aux prochaines élections, pour le candidat le plus altruiste.

L'âme jardinière est un humus, nécessitant le compostage de sentiments âcres et violents pour que surgisse la légèreté. Le jardinier sait que les ennemis le guettent, qu'ils sont partout, sous la terre, dans le vol d'un oiseau qui fera choir la graine honnie. Le jardinier, civilisé, taira son monologue, qui restera intérieur.

Mais , franchement, ce que cet homme tranquille, ce que cette femme sereine est capable de lâcher comme bordée d'injures basses et crapuleuses à l'adresse d'une adventice un peu plus sournoise qu'une autre, ce déferlement de haine à l'egard d'une racine obtuse, ce hurlement silencieux de victoire quand on brandit la tête, euh non, la queue de l'adversaire...
Ceux-là mêmes qui prônent la négociation en toutes circonstances, les avez-vous vu partir, la bêche -ou la pioche à l'épaule, quand le cas est grave- avec un rictus que ne démentirait pas Gouvernator? Encore heureux que certains d'entre nous résistent à la tentation de la guerre chimique. Pas tous hélas.

Et je ne parle pas de l'envie. Ni de l'hypocrisie.

De la luxure peut-être, quand après toutes ces turbulences du coeur jardinier, on froisse la menthe dans ses doigts, ou bien l'étonnante feuille du dimorphoteca qui sent le poivre et la mer...


Moyennant quoi, les jardiniers sont des gens charmants.

5.11.06

passé récent de l'ailleurs.

Présent de l'ailleurs.

Il y a peu, l'écran de mon ordinateur a chu dans de noires abysses.
Le contenu de mon disque dur, transféré en urgence, fit remonter à la surface de belles pépites.
Par exemple sur ce site on y apprend, sous la plume de Gilles Esposito Farèse que le passé, le présent et le futur ne suffisent plus.
Depuis qu'Einstein a posé les bases de la relativité du temps, il faudrait pouvoir conjuguer l'ailleurs.
Comment cette mirifique proposition dort-elle encore dans les limbes?
Conjuger le présent de l'ailleurs, c'est réécrire Moby Dick en tenant compte de la vitesse relative du bateau, suivant celle de l'animal. C'est admettre que, dans certains espaces, la course d'Achab serut un événement indépendant de l'existence de la Baleine.

Mais on ne peut limiter cette conjugaison à l'ailleurs de l'autre. (Pendant que j'écris, il serut aux champignons)

Il me semble tout à fait propice à l'ailleurs de soi-même. ( je me brûle les doigts en sortant ma tarte du four et j'aureut une rose jaune dans mon jardin)

La belle littérature qu'on aurait, qui dirait enfin à quoi rêvent les jeunes filles. Une grammaire, pour lier dans la même phrase, le désir et le fuir, la présence et l'absence.



Et pour qu'en racontant de pareilles âneries, je pourrut être parfaitement sérieuse.