12.1.16

Une minute et 27 secondes

                                                  Une minute avant la grêle
                                                         l'arbre se plaît

10.1.16

Pleurer de rire.

Dans tout couple, il s'instaure une certaine division des tâches. Outre la fabrication des crêpes, l'Homme à 99 défauts a une autre attribution, qu'il ne me viendrait pas à l'idée de lui disputer. Je ne ferais tout simplement pas le poids. C'est, chez lui, plus qu'un talent : un instinct. Quelque chose d'aussi imparable que le coup d'éclat du joueur d'échec, tout à la fois spontané et venant de très loin.

Je veux parler de la détection du nanard galactique, du choix  du navet approximatif, du résidu de festival qui vous laissera sulcul, de la bouse sidérale, du truc qui vous partage entre le bâillement nerveux et le fou-rire d'occasion ( tant qu'à avoir ouvert la bouche, hein...)

Je ne pourrais donc pas vous raconter le début de "Baahubali, the beginning", parce que j'ai passé les 10 premières minutes à essuyer mes larmes et à glousser comme une hyène chatouillée devant ce joyau de l'art Tollywoodien. Un blockbuster en Inde, apparemment, mais il a fallu tout le génie de l'Homme pour débusquer ce film et me le proposer.
 J'espère que l'on ne m'accusera de spoiler si je vous dis qu'on y trouve deux frères ennemis, un enfant sauvé des eaux, une héroïne badass qui finit en bêlante brebis dès que le Héros lui roule un œil langoureux en tortillant sa moustache, une avalanche, un déluge de feu, une cascade mystérieuse, des papillons bleus, une princesse enchaînée et un esclave fidèle jusqu'à la mort, une scène piquée à Moise, une à Mulan, au moins une à Autant en emporte le vent, trois ou quatre au "Seigneur des Anneaux", un Milon de Crotone, un Roi Arthur Tamoul. Et pas mal de gore sous les voiles vaporeux.

Moi, j'en ai oublié, mais je ne suis pas sûre que le réalisateur ait omis un seul ingrédient dans cette épique ratatouille.

Et vous savez le pire : c'est tellement trop que ça finit par marcher. Comme les taxis africains qui s'appellent eux-même les s'en-fout-la-mort, ce film pourrait s'appeler s'en-fout-le-réel. Mais alors, vertigineusement. Certaines scènes sont très belles, d'autres effets spéciaux sont aussi toc que des bijoux d'offrandes, mais tout ça est noyé dans une belle certitude : le cinéma, c'est fait pour être vu à plusieurs, avec les amis et la famille, en commentant à voix haute toutes les scènes, en sifflant les méchants, en avertissant les bons du danger qui les menace et en entonnant les chansons poignantes en même temps que les acteurs.

Et pour pleurer de rire. 










9.1.16

Monsieur Chat

Monsieur Chat,

tes moustaches me chatouillent la joue,
Tu me bâilles au nez et m'obstrues la vue
Mais ta façon candide de penser que je ne vais pas bouger
jusqu'à la fin de ta sieste
a quelque chose d'émouvant.

Et puis, tu n'as peut-être pas complètement tort.

6.1.16

D'or pur et de sable

Ce matin, grâce à vous, je me suis rappelée qu'il y a longtemps que je n'étais pas allée à mon travail en passant par la rivière. *

Et que les matins d'hiver, pour peu qu'entre les nuages, un rayon flirte avec le sable à marée basse, cela pouvait enchanter la journée entière.


*Pourquoi depuis longtemps? Parce que deux écoles s'y donnent rendez vous et qu'à cette heure, ça fait un embouteillage d'au moins ... voyons... 20 voitures!
Oui, oui, 20! **

** On est con, parfois, hein. Enfin, je me suis trouvée ben con.

5.1.16

Ecrire et voyager

Avoir envie d'écrire ou de voyager, chez moi, procède sensiblement du même état d'esprit : sortir de sa zone de confort, accepter le deséquilibre, mettre quelque chose en mouvement en sachant qu'il y aura un moment où on se demandera ce que diable on est venu chercher là.

C'est sans doute un signe que, juste avant d'être amicalement poussée dans la ronde des bonheurs du jour, je me sois remise à rêver activement, bien que littérairement, de voyages. J'avais déjà fait, dans le temps, des listes alphabétiques d'iles très aimées ou esquissé, sur papier, un tour du monde d'Aden à Zanzibar.

En ce moment, je joue avec les pages aléatoires de Wikipédia. Le jeu est de retenir chaque page qui parle d'une ville, d'une commune, ou de toute subdivision administrative équivalente et d'étudier, avec le plus grand sérieux, les modes de transports, l'hébergement et, si c'est possible,  d'avoir un début de représentation du paysage et des gens.
Facile, hein?
Sauf que s'il y a une chose dont le monde est bien pourvu, c'est de minuscules amas humains qui n'ont aucun monument significatif, pas forcément de route, certainement pas d'hôtel et quelque fois pas grand chose de plus qu'une ligne dans un registre administratif.

Le premier village tombé dans mon escarcelle, c'est Tuntutuliak, en Alaska, dont le nom signifie endroit aux nombreux caribous. Je ne sais pas encore très bien comment y aller, mais je sais comment acheter un mug de sa police tribale. J'ai très bien imaginé aussi ce que cela ferait d'être là, dans un endroit , ou absolument rien d'autre que le hasard ne m'aurait mené. Cela m'a rappelé un jour, un dimanche, dans le port de Gävle, en Suède. Ou plus exactement, un dimanche dans un entrepôt de sel désert. Un grand moment de : " mais Keskejfoulà au juste? "




Et puis après, j'ai eu envie d'aller à Lehvaz en Arménie. Et à Jatoba au Brésil. Et peut être aussi à Julesbourg, à la limite du Colorado et du Nebraska. A Forhen Linden, en Rhénanie.

Et puis j'ai fini cette journée à Kotolaname, au Botswana, bien loin des safaris de luxe. On ne le trouve même pas sur gougeule map, mais Michelin a l'air de penser que c'est à peu près là. 
J'ai cru voir passer un troupeau et Mma Ramotswe.
J'irais bien prendre un thé.
Un jour.



4.1.16

La première de 2016

Le bonheur du jour, c'est de me rappeler que je fais un métier estimable. Quels que soient les moment où je m'agace, me prends les pieds dans le tapis, m'embrouille et rêve de partir très loin et très longtemps, j'en reviens toujours au fait que j'ai de la tendresse pour ce métier.

Je lui trouve tous les défauts qu'on trouve aux familiers, j'ai pour lui toutes les inquiétudes quand je lui trouve mauvaise mine, le teint brouillé par les circulaires, une anémie ancienne et une boîterie récurrente, il n'empêche que je l'aime bien. C'est une brave bête de métier, au pas un peu lent sur des chemins parfois trop arpentés, un métier de patience et d'affût, parcouru de temps à autre d'avalanches de cailloux et d'orages. Et de surprises.

Aujourd'hui, j'ai rencontré Zoé. Bien sûr, si tout allait bien, je ne l'aurai pas rencontrée. Bien sûr, tout ne sera pas facile. Zoé est réellement déficiente intellectuelle. Mais c'est une petite fille pleine de compétences relationnelles. Attention, je ne dis pas qu'elle est gentille et affectueuse, même si elle l'est sans doute souvent. Je veux parler de vraies compétences qui mettent à l'aise son interlocuteur, lui donnent envie d'entrer dans l'échange, sans niaiserie de sa part, sans charité de la mienne. A la voir ainsi, pertinente, intéressée, intéressante et me souvenant des énormités proférées ces jours-ci par d'éminents personnages, je me suis dit une fois de plus que, vraiment, l'intelligence, c'est parfois un truc extrêmement surestimé.
Elle a ramassé la pile de dessins qu'elle a fait pendant que je mettais diverses choses au point avec ses parents, m'a serré la main avec amusement et cérémonie et elle est partie, sans oublier de sauter dans une flaque. (Mais une seule. Elle est assez sage, en fait)  J'étais bien contente qu'elle soit ma première patiente de l'année des petits bonheurs.

PS:
le Planet des bonheurs du jour est là

3.1.16

Petits bonheurs

Aheeeeem.
Raclement de gorge.
 "Je, heu...Je..." 
La voix résonne dans la pièce déserte.

                       Ah merde, c'est plein de toiles d'araignées, ici.

On voit que personne n'est passé faire le ménage depuis longtemps. On fait comment déjà? Est-ce que ça revient comme le vélo? (celui à guidon chromé au fond de la cour*)

Bon, allez, zou! On souffle, on aspire, on allume les lumières, on balaye, on fait de l'air.   La nostalgie est inévitable, mais on va pas en faire un sac.
On va remercier Tomek  d'avoir lancé l'idée de retourner aux petits bonheurs. C'est très con, les petits bonheurs, mais à y regarder de plus près, beaucoup moins con que les grands malheurs. C'est juste que ça se fait plus facilement oublier. On néglige, on néglige, et puis après, on est rouillé du bonheur comme de l'écriture.

" LaaaaAhhhaaahAhhaaaaAhiiiiiiii.....**"

Ah, c'est déjà mieux. Mais comme je redébute après une longue interruption, je ne vais pas respecter strictement la consigne. Ce serait dommage de rejeter les petits bonheurs des jours précédents, alors qu'ils sont encore très frais et tutafé propres à la consommation.

D'abord, cette vidéo retwittée par Kozlika

Et puis le joli moment que nous avons passé avec Tomek et Marlins du groupe Mona Kazu. On reparlera d'eux, promis.
La photo ci dessus qui m'a mise en joie quand je l'ai vue sortir sur l'écran de l'appareil photo. Pour le premier coup de vent de 2016, j'ai vraiment eu le sentiment que la mer me faisait un clin d'œil.

Deux personnes, dans deux domaines très différents, m'ont demandé d'écrire à nouveau sur un thème précis. J'esquive très bien les sollicitations d'ordre général, mais l'amitié et la consigne sont d'excellents outils pour me faire sortir de ma flemme. La preuve.

Mon oranger est en fleur et embaume la maison.

J'ai commencé un jeu alacon pour rêver de voyages. Je vous en parle demain.

Voilà, c'est écrit avec les pieds, mais c'était pour chasser les toiles d'araignées.
Si vous passez ici, je vous embrasse. Les bisous, c'est bon pour la santé, mangez-en.
" LaaaaAhhhaaahAhhaaaaAhOooooooo.....***"



PS:
* Oui, bon, y a des trucs qui reviennent assez facilement
**  et *** C'est une scriptalise.
C'est tout aussi nécessaire que des vocalises pour dérouiller, mais beaucoup moins bruyant.